Quand Cdiscount, leader du commerce en ligne, butait sur un problème de logistique, Exotec Solutions, co-fondé par Romain Moulin, développait la solution.  « Ils sont arrivés avec l’audace et la force du startuppeur, et en face nous avions des équipes projet structurées et un vrai savoir-faire pour compléter leur idée », raconte James Rebours, Directeur de l’innovation et de la performance Supply Chain chez Cdiscount. Et d’une pierre, ils ont fait deux coups.

Deux problèmes, une solution

Romain et son associé ont d’abord travaillé avec son associé dans la logistique avant de rejoindre ensemble General Electric à Versailles. « Tous les matins dans le bus pour aller au bureau, nous parlions de revenir à nos premiers amours, la logistique sur la base de robotique. »

Ils observent les progrès d’Amazon en la matière, qui a déployé une multitude de robots oranges dans ses entrepôts. Un inconvénient demeure toutefois dans la stratégie du géant américain : la flotte est coincée en 2D, l’espace au-dessus des étagères n’est pas exploité. « Rester bloqué au sol, c’est vraiment une énorme limite pour le secteur. Cela ne marche que pour des entrepôts localisés dans le Midwest, là où les surfaces ne sont pas trop onéreuses », explique Romain.

Pour faire face à cette faille, le jeune homme a conçu des robots mobiles autonomes qui se déplacent accrochés à des rails pouvant monter jusqu’à 10 mètres de haut, tirant les bacs pour obtenir des produits et les ramener aux opérateurs. Mais pour pouvoir dépasser le stade du prototype, la startup a besoin de signer un gros client, qui croit en la solution et est prêt à miser dessus. « Nous avions à ce moment là encore un grand pas à franchir », raconte Romain.

Le jour où James reçoit un message de la part de Romain, il organise immédiatement une rencontre avec le jeune entrepreneur et son associé. « Chez Cdiscount, nous devions résoudre un problème dû à notre industrialisation. Lorsqu’on passe une commande chez nous pour obtenir un smartphone, un opérateur parcourt 15 kilomètres dans 500 000 mètres carrés d’entrepôt pour aller chercher le produit sur un chariot. Nous avons donc été amenés à nous poser la question de la densité du rangement des produits et de leur collecte. »

L’ambition est de résoudre deux problématiques antinomiques : pouvoir stocker plus de produits au mètre carré, ce qui rend leur collecte plus difficile, et mettre moins de temps pour aller les récupérer. « Exotec a permis de solutionner ces deux problèmes en parallèle. C’est une vraie révolution dans la supply chain ! » s’enthousiasme James.

Seulement un an après la création de la startup, David rencontre Goliath, et le séduit sur la base d’une présentation PowerPoint. Les entrepôts sont visités, le produit affiné.

Au bout de cinq rendez-vous, le partenariat est signé, avec une promesse : multiplier la productivité par cinq, soit cinq fois plus de densité en termes de produit, et cinq fois plus de produits collectés par heure…

Exotec Solutions : 1, Cdiscount : 1

« Ce n’était pas la première fois que l’on nous faisait ce genre de promesse, mais c’était la première fois que quelqu’un avait l’audace de la faire avec des tout petits robots, de la taille d’un bagage cabine », explique James. Pour Romain, la rapidité du processus a été aussi surprenante qu’agréable : « C’est là qu’on voit vraiment la force de Cdiscount quand ils croient en quelque chose, c’est vraiment un rouleau compresseur. En deux mois, le système a pu sortir. »

Si le processus est si fluide, c’est grâce au partage d’expertise et la co-conception. Faire vite et bien, c’est l’atout de cette collaboration, qui a privilégié les décisions rapides et les boucles d’itération courtes avec les décideurs. Et l’objectif est atteint : les opérateurs sont passés de 80 opérations à plus de 400 par heure.

Pour l’équipe d’Exotec, cela a permis de démontrer aux industriels la faisabilité de la solution et de répliquer l’opération. Alors que la startup n’avait à l’origine développé qu’une dizaine de robots, c’est plusieurs centaines de « Skypod » qui seront déployés l’an prochain chez de nouveaux clients, dont une cinquantaine sur le de site parisien de Cdiscount, qui sort chaque année près de 4 millions de produits…

« On était une petite startup, et on est devenu une PME industrielle », se réjouit Romain. « Nous avons monté la chaine de production qui va produire 2000 robots par an, et de 3 collaborateurs, nous sommes passés à 50. »

Côté Cdiscount, le partenariat a été un véritable catalyseur. James souligne : « Nos interactions nous ont permis d’innover sur un terrain que nous n’avions pas le courage d’aborder. On a réussi à retrouver notre âme de David. »

Et les David ont le vent en poupe chez Cdiscount. L’entreprise a lancé fin 2017 son premier incubateur dédié à la supply chain. Ce dernier a déjà été intégré par une demi-dizaine de startups, avec déjà deux systèmes issus de ses collaborations déployés en production.