Article : Laure Coromines
Paradoxalement, Jérémy et Bertrand n’étaient pas la cible de Welcome to the jungle : jusqu’alors, leur parcours pro avaient toujours été en phase avec leurs envies. Il n’empêche, l’envie d’entreprendre les taraude. « Bertrand avait un profil plus entrepreneurial que moi. Car quand tu es musicien, ta boite, c’est toi-même ! De mon côté, le capital-risque, c’était aussi merveilleux que frustrant. Tu rencontres beaucoup d’entrepreneurs, tu essaies de te raccrocher au wagon, mais in fine, ce n’est pas toi qui fait. »
À chaque fin de dîner entre amis, Jérémy et Bertrand se retrouvent sur un bout de table pour discuter des dernières découvertes qui les ont marqués. Jérémy a pour domaine de prédilection l’investissement dans de jeunes structures tech plutôt branchées RH. Bertrand est un compositeur de musique passionné. De fil en aiguille, ils lancent en 2012 une petite agence de prod vidéo, support qui déjà les intéresse beaucoup. Mais ce n’est pas vraiment le projet qu’ils ont envie « de porter pendant 10 ans… »
En 2015, ils sortent la première mouture de Welcome to the jungle, après avoir 4 mois de skype avec un certain Didier, développeur qu’ils n’ont jamais rencontré dont la photo de profil est le portrait de Tom Cruise…
Fils d’éditeur, Jérémy a passé plusieurs étés à travailler chez son père. De cette expérience, il conserve des sensations fortes : « j’ai l’impression d’avoir encore dans le nez l’odeur très typique de l’imprimerie, une odeur d’enfance… » Quand il découvre à 10 ans les magazines américains, il est fasciné par cette incroyable « fenêtre sur le monde, cette force brute ». Il était évident pour lui d’essayer d’amener les gens à s’intéresser à l’emploi via ce médium attractif au design étudié. Pour travailler la maquette et plus tard à la refonte du logo, il rallie une petite troupe aussi talentueuse que trendy avec qui il rêvait de bosser : Violaine et Jéremy, qui s’occupent de la DA branchée du print pour Influencia et L’ADN, ou encore Tyrsa, l’artiste qui remet la typographie au goût du jour. Parfois en dépit du bon sens financier : « Ce premier numéro, c’était une connerie, on n’avait pas besoin de ça. Mais quand on travaille dans le web, on ne produit rien et cela peut être frustrant. Heureusement, ce qui était une envie personnelle est devenue constitutif de notre essence. » Au-delà du fait que son média print a contribué au rayonnement de sa marque, Jérémy loue le principal avantage du magazine : « le print, c’est douloureux, car l’imprimé ne pardonne pas, mais cela crée une exigence de qualité supérieure qui est finalement très vertueuse, car elle se répercute sur le web. »
Pour Jérémy, c’est la transparence qui devrait être le principal levier de l’embauche. « Si tu recrutes quelqu’un sur une fausse promesse, il risque de se barrer au bout de 3 mois. Quand on voit le temps que cela prend et l’argent que cela coûte de recruter, créer du turn-over de manière artificielle, cela semble vraiment con. »
Mais la confusion du message envoyé par les entreprises relève souvent de la maladresse. Beaucoup de sociétés ont tendance à mélanger leur marque employeur avec leur marque produit ou boursière… Les deux entrepreneurs viennent donc débroussailler tout ça, à base de messages « un peu clivants » et de courtes vidéos. Avec comme conséquence d’attirer les personnes en phase avec la culture d’entreprise.
Aux yeux de Jérémy, le recrutement est trop souvent relégué au rang de tâche annexe. Comme le lui serinent de nombreux dirigeants, « tout le temps qu’on passe à recruter, on ne le passe pas à faire du business ! » Certes. Mais bâcler cette étape-clé, c’est s’exposer à beaucoup de problèmes par la suite. « Et être tout le temps pompier, je trouve cela épuisant. Je pense au contraire que le recrutement devrait occuper un tiers des journées d’un dirigeant. Perso, si je passe la moitié de ma semaine sur le recrutement, je n’estime pas avoir perdu mon temps. » Et l’entrepreneur s’empare de la missinon à bras le corps : il tient à rencontrer toutes les personnes recrutées chez Welcome afin de maintenir la cohérence des profils. Pour savoir qui recruter, il est critique de se poser les bonnes questions en amont. Jérémy a défini quelques critères importants pour lui. « Et si une personne, même géniale, ne coche pas ces cases, je ne la recrute pas. »
Parmi ces critères, l’enthousiasme : « Je crois qu’avec de la motivation, on peut déplacer pas mal de choses. Pour moi, c’est toujours l’énergie et l’envie qui l’emportent. »
À leurs débuts, Jérémy et Bertrand se sont posés de nombreuses questions sur le genre de boite qu’ils voulaient créer.
« Mais ce qui est difficile, c’est que ton quotidien t’amène à renier plein de convictions avec lesquelles tu t’es lancé. » Car oui, tous les jours, il est possible de faire plus simple, plus vite, d’enfouir des problèmes sous le tapis. « Mais il faut lutter contre ça. » Et Jérémy s’y emploie avec fougue, notamment sur la question de la diversité, sujet sur lequel il entend rester proactif.
S’il confesse qu’aujourd’hui le plus gros défi de Welcome to the jungle, c’est « de rester en vie », il concède aussi que cela ne suffit pas pour tenir. Des ambitions, il en partagent beaucoup avec Bertrand : continuer à améliorer l’expérience utilisateur, proposer des vidéos aux contenus originaux et enrichir le magazine, avec au loin, l’international comme point de mire.
Malgré son allure décontractée et sa grande humilité, Jérémy est extrêmement exigeant. Envers lui-même avant tout. Il ne voit pas de mérite à monter son projet, mais admire en revanche beaucoup le fait de « rejoindre deux gars paumés qui en sont au tout début. » (Dédicace à leur première recrue, Kévin, le CTO.) Il estime que lorsque tu fondes ta boite, « tu n’as pas le droit d’être choin-choin », comme dit sa fille, ou « d’être à moitié toi-même, alors que les gens qui t’accompagnent sont à fond. C’est ça, le deal selon moi… »
JÉRÔME RUSKIN, Usbek & Rica
Un média citoyen, politique et engagé
FRANCOIS SIEGEL, We Demain
On n’a pas d’autres choix que d’être optimiste
MAXIME LELONG, 8e étage
L’information vue d’en haut
MARIE OUVRARD, Encore
Revue d’une génération culottée
BAPTISTE GAPENNE & WILLIAM BUZY, La Part du Colibri
Quand le journalisme est la solution
BÉATRICE SUTTER, L’ADN
Un média où le lecteur doit faire sa part
A l’origine d’une presse cinéma
PATRICK DE SAINT-EXUPÉRY & LAURENT BECCARIA, Ebdo
« Un journal pour ceux qui n’ont jamais lu de presse »
JÉRÉMY CLÉDAT, Welcome to the Jungle
Faire du print en dépit du bon sens financier
REBECCA ANSELLEM, Les Glorieuses
Le succès de l’engagement politique
BENOÎT RAPHAËL, Flint
Un robot pour reprendre le contrôle sur son information
ANTOINE ROBIN, Spicee
Pour un « algorithme de la curiosité »
Injecter de l’intelligence sur les réseaux sociaux
CAMILLE DORIVAL, Alternatives Economiques
Quand une coopérative lance un média
CLÉMENT ALTERESCO & MARIE BARBIER, Morning Coworking
C’est du taf, mais c’est du kiffe
PAUL ALARCON, Uzer
Un boitier pour mieux trier, et mieux manger
ELISA YAVCHITZ, Les Canaux
L’Économie Sociale et Solidaire au coeur des JO
[…] JÉRÉMY CLÉDAT, Welcome to the Jungle Faire du print en dépit du bon sens financier […]
[…] JÉRÉMY CLÉDAT, Welcome to the Jungle Faire du print en dépit du bon sens financier […]
[…] JÉRÉMY CLÉDAT, Welcome to the Jungle Faire du print en dépit du bon sens financier […]
[…] Jérémy Clédat, Welcome to the Jungle : faire du print en dépit du bon sens financier | Terra Inc… – […] PAUL ALARCON, Uzer Un boitier pour mieux trier, et mieux manger […] […]
[…] JÉRÉMY CLÉDAT, Welcome to the Jungle Faire du print en dépit du bon sens financier […]